Archives de catégorie : Cinéma

« La règle du jeu » film de Jean Renoir ( 1939)

SYNOPSIS

Par amour pour Christine, l’aviateur André Jurieux, admirateur sans bornes de Lindbergh, a traversé l’Atlantique à bord de son monoplace. Accueilli triomphalement à l’aéroport, il cherche vainement le regard de la belle, déjà mariée, dont il espère toujours reconquérir le coeur. Désespéré par son absence, André tente de se suicider. Son ami Octave parvient à le faire inviter dans la propriété de Sologne des La Chesnaye, où se déroulera une partie de chasse. Christine de La Chesnaye n’est autre que la femme qu’André aime désespérément. Son mari, Robert, n’en ignore rien. Rassuré par le comportement de sa femme, fort soucieuse des apparences, il se persuade qu’aucun scandale n’éclatera, se moque du reste et organise une petite fête théâtrale…

LA CRITIQUE TV DE TELERAMA DU 26/03/2011

Genre : comédie de moeurs.

Le casting fut modifié in extremis (étaient prévus Jean Gabin, Simone Simon, Pierre Renoir, Fernand Ledoux). Comment expliquer que ce film, considéré aujourd’hui comme un chef-d’oeuvre, ait pu être à sa sortie si mal reçu ? A droite comme à gauche, ce fut un tollé. Est-ce la peinture acide de l’aristocratie et du mensonge social, les allusions à l’antisémitisme…

L’incompréhension de la critique et du public vinrent, surtout, de la formidable modernité de la mise en scène, bousculant tout ce que le « réalisme poétique » d’un Duvivier ou d’un Carné avait cru définitivement mettre au point : découpage en dents de scie, utilisation révolutionnaire de la profondeur de champ, emploi de filtres clairs pour les scènes d’extérieur en Sologne, alliage déconcertant de comédie de moeurs et de tragédie. Le film se place sous le patronage de Beaumarchais et, plus discrètement, de Marivaux. La densité de l’oeuvre est, à vrai dire, inépuisable, et des montagnes d’exégèse n’ont pu en venir à bout

« Mort à Venise » film de Luchino Visconti ( 1971)

SYNOPSIS

Arrivé à Venise au petit matin, Gustav von Aschenbach, un compositeur vieillissant, descend dans l’hôtel le plus élégant de la ville. Dans sa chambre, il dispose les photos de sa femme et de sa fille disparues, puis descend dîner. Dans le hall, il remarque le jeune Tadzio, dont la beauté le fait frémir. Durant des jours et des semaines, il ne cesse de croiser l’adolescent, toujours accompagné de ses soeurs et de sa gouvernante. Totalement obsédé par l’image de Tadzio, Gustav essaie de fuir. C’est alors qu’une épidémie de choléra asiatique se déclare. Bloqué à Venise, Aschenbach s’abandonne à ses obsessions. Il se met à masquer ses rides, à teindre ses cheveux dans l’espoir illusoire d’égaler cette jeune beauté fragile qui le fascine tant…

LA CRITIQUE TV DE TELERAMA DU 16/05/2015

| Genre : maladie d’amour, maladie de la vieillesse.

Gustav von Aschenbach, double frêle et contemplatif de Gustav Mahler, s’installe au Grand Hôtel des bains du Lido, à V­enise. Attirante et hostile, la ville l’absorbe et le rejette comme un cadavre putride ballotté par les flots. Le sirocco jaunit la brume et les mines. Les conversations ne sont que rumeurs inaudibles, éclats polyglottes. Dans cet espéranto de la solitude, Gustav entend un prénom qui le hante ad nauseam : « Tadzio ! » C’est celui d’un adolescent blond comme un ange, dont la beauté le laisse sans voix. Classée au rang de maladie par une société frileuse et rigide, l’aimantation homosexuelle de Gustav pour Tadzio engendre les mêmes douleurs que le choléra qui ronge Venise. Au moment même où le vieux professeur informe Tadzio de l’épidémie qui sévit, pour le sauver du mal qui le consume déjà lui-même, il en profite pour lui caresser la tête, au risque de le contaminer…

Célèbre pour sa grâce crépusculaire et hypnotique nourrie de superbes travellings, ce film surprend par son avant-gardisme. « La réaction des Etats-Unis, qui voulaient que l’on remplace le jeune garçon par une fillette, m’a prouvé qu’ils n’avaient rien compris, et que Mort à Venise était très en avance sur son temps », déclara Dirk Bogarde, qui plaça sa carrière sous le signe de l’ambiguïté sexuelle, avec une pointilleuse idée fixe : brouiller les cartes. Et envoûter, comme dans ce chef-d’oeuvre asphyxiant. — Marine Landrot

« Vincent, François, Paul et les autres… » film de Claude Sautet ( 1974)

SYNOPSIS ( source: Télérama)

Vincent, petit industriel séparé de sa femme Catherine, vit avec Marie. Il a pour ami François, un riche médecin désabusé, marié à Lucie, qui ne l’aime plus. Tous les week-ends, ils se retrouvent chez Paul, journaliste, écrivain raté et alcoolique accompli. Jean, jeune contremaître dans l’usine de Vincent et boxeur amateur promis à un grand destin, a pris l’habitude de se joindre à eux. Mais Vincent a de sérieux ennuis : sa maîtresse est sur le point de le quitter, et son affaire périclite. Un infarctus précipite la crise, tandis que Lucie se laisse doucement attirer par Jacques, un copain occasionnel qui sait l’écouter et la comprendre…
LA CRITIQUE TV DE TELERAMA DU 19/04/2014

On aime beaucoup

| Genre : étude de moeurs.

Partie de foot dans un jardin hivernal. D’éclats de rire en bousculades, les joueurs du dimanche délaissent pour quelques heures le cours de leurs existences quinquagénaires. Vincent, petit patron cardiaque, François, médecin trompé par sa femme, Jean, boxeur occasionnel, partagent cette parenthèse fraternelle chez Paul, romancier en panne d’inspiration…

Au gré des rediffusions, leur gaieté ou leurs fêlures ont fini par se glisser dans nos souvenirs intimes. Plus qu’une galerie de portraits, c’est une polyphonie complexe, mélancolique et cordiale, un formidable document sociologique sur la classe moyenne des années 1970. Le film ­observe les premiers remous de la crise, économique, morale et affective. Sautet enferme d’abord ses personnages à l’abri d’une maison de campagne, cocon illusoire où l’on peut nier le temps et ses blessures. Et puis, dehors, les héros tristes et vivants de cette chronique douce-amère retrouvent leur âge mûr, celui des bilans et des usures, le coeur qui lâche, l’amour qui se ­fissure… Le cinéaste scrute ces vies abîmées avec un respect ­lucide. Il détaille les rides et les douleurs, mais laisse à ces hommes du quotidien le choix de mentir, de jouer une pudique comédie, entrecoupée d’intenses moments de vérité. — Cécile Mury

 

« Une vie difficile » film de Dino Risi ( 1961)

SYNOPSIS

Durant la Seconde Guerre mondiale, dans le nord de l’Italie, un résistant se réfugie chez l’habitant pour échapper aux Allemands. Là, il rencontre et s’éprend d’Elena, une jeune fille qu’il installe chez lui après la guerre. Collaborateur d’un journal antigouvernemental, Silvio signe des articles vengeurs et participe à des manifestations. Mais il vit dans la misère, et ses rapports avec Elena se dégradent. Pour la reconquérir, il accepte de se compromettre avec une homme véreux…

LA CRITIQUE TV DE TELERAMA DU 18/11/2006

Film de Dino Risi (Una vita difficile, Italie, 1961). Scénario : Rodolfo Sonego. Image : Leonida Barboni. 120 mn. NB. VO. Avec Alberto Sordi : Silvio Magnozzi. Lea Massari : Elena. Franco Fabrizi : Franco. Genre : satire corrosive. De la guerre aux années 60, Silvio Magnoz-zi traverse vingt ans d’histoire italienne en homme de gauche convaincu qui se veut incorruptible malgré les pressions économiques, familiales et politiques. Résistant contre l’occupant allemand, journaliste engagé ensuite, Silvio tente de vivre en accord avec ses principes quitte à, d’échecs en échecs, crever de faim. Silvio, c’est Alberto Sordi, immense acteur méconnu en France. Lancé par Fellini dans Le Cheikh blanc, il incarnera durant toute sa carrière l’Italien type, antihéros romain à la fois lâche et courageux, drôle et tragique. Regardez-le, ivrogne de mauvaise foi, dire ses quatre vérités à sa femme accablée, puis devenir la seconde d’après un misérable soûlard qui voit, incrédule, sa dulcinée partir pour de bon. Don Quichotte dérisoire se battant contre les moulins à vent de la société néocapitaliste italienne, Silvio rêve d’une carrière militante et passe pour un bouffon aux yeux de tous. Dino Risi dresse un tableau accablant de l’Italie qui court vers un miracle économique trop grand pour elle. Et souvent le rire se fige comme dans toutes les meilleures comédies italiennes qui ne craignent pas d’aborder des sujets sociaux graves. Ici, les scènes d’anthologie se succèdent, comme celle du repas chez les monarchistes durant lequel Silvio et Elena, qui n’ont pas fait un vrai repas depuis longtemps, se goinfrent en attendant les résultats du référendum qui installera la république. Ou encore celle où Silvio, enfin résigné, se fait humilier par un riche industriel devant les yeux de sa femme, qui comprend soudain le combat de son mari. Anne Dessuant

Anne Dessuant