SYNOPSIS
Arrivé à Venise au petit matin, Gustav von Aschenbach, un compositeur vieillissant, descend dans l’hôtel le plus élégant de la ville. Dans sa chambre, il dispose les photos de sa femme et de sa fille disparues, puis descend dîner. Dans le hall, il remarque le jeune Tadzio, dont la beauté le fait frémir. Durant des jours et des semaines, il ne cesse de croiser l’adolescent, toujours accompagné de ses soeurs et de sa gouvernante. Totalement obsédé par l’image de Tadzio, Gustav essaie de fuir. C’est alors qu’une épidémie de choléra asiatique se déclare. Bloqué à Venise, Aschenbach s’abandonne à ses obsessions. Il se met à masquer ses rides, à teindre ses cheveux dans l’espoir illusoire d’égaler cette jeune beauté fragile qui le fascine tant…
LA CRITIQUE TV DE TELERAMA DU 16/05/2015
| Genre : maladie d’amour, maladie de la vieillesse.
Gustav von Aschenbach, double frêle et contemplatif de Gustav Mahler, s’installe au Grand Hôtel des bains du Lido, à Venise. Attirante et hostile, la ville l’absorbe et le rejette comme un cadavre putride ballotté par les flots. Le sirocco jaunit la brume et les mines. Les conversations ne sont que rumeurs inaudibles, éclats polyglottes. Dans cet espéranto de la solitude, Gustav entend un prénom qui le hante ad nauseam : « Tadzio ! » C’est celui d’un adolescent blond comme un ange, dont la beauté le laisse sans voix. Classée au rang de maladie par une société frileuse et rigide, l’aimantation homosexuelle de Gustav pour Tadzio engendre les mêmes douleurs que le choléra qui ronge Venise. Au moment même où le vieux professeur informe Tadzio de l’épidémie qui sévit, pour le sauver du mal qui le consume déjà lui-même, il en profite pour lui caresser la tête, au risque de le contaminer…
Célèbre pour sa grâce crépusculaire et hypnotique nourrie de superbes travellings, ce film surprend par son avant-gardisme. « La réaction des Etats-Unis, qui voulaient que l’on remplace le jeune garçon par une fillette, m’a prouvé qu’ils n’avaient rien compris, et que Mort à Venise était très en avance sur son temps », déclara Dirk Bogarde, qui plaça sa carrière sous le signe de l’ambiguïté sexuelle, avec une pointilleuse idée fixe : brouiller les cartes. Et envoûter, comme dans ce chef-d’oeuvre asphyxiant. — Marine Landrot